Le 7 septembre 1983, je franchissais en tremblant les portes de ce qui devait être mon lieu de travail pendant les 10 premières années de ma vie professionnelle.
J’avais 22 ans, toute fraîche émoulue d’une école de commerce, le CERAM (aujourd’hui appelée SKEMA), avec une équivalence de 2/3 du DECS (les anciens apprécieront), j’avais passé la veille l’épreuve du troisième tiers, qui me permettrait dès janvier de m’inscrire comme expert-comptable stagiaire et de prendre la voie de ce qui serait mon métier, ma passion.
J’étais plutôt bonne en compta … sauf que je n’en avais jamais vue une vraie … Mais ce n’était pas bien grave parce que mes premières semaines de travail, mon boss m’avait préparé une mission spéciale.
J’avais un immense bureau (ok une grande planche de contreplaqué blanc sur 2 tréteaux qui filaient mes collants …. et oui à l’époque c’était petit tailleur et escarpins pour se faire respecter et avoir l’air un peu moins jeune). Et par terre, autour de ce magnifique bureau … des piles et des piles de dossiers bizarres … qui étaient en fait la doc reçue et non classée depuis 2 ou 3 ans (si, si).
Donc les plus vifs l’auront compris, mon premier job a été de mettre à jour les classeurs de documentation juridique, fiscale, sociale, les bases de notre métier.
Est-ce que j’ai été déçue sur le moment ? Oui bien sûr, on ne fait pas sup de co pour classer de la doc !
Est-ce que ça m’a été utile ? Toute ma vie professionnelle : parce que lorsqu’on sait comment une documentation technique est constituée, on gagne un temps fou dans ses recherches.
Est-ce que les semaines qui suivent ont ressemblé à ça : pas du tout : après cet épisode, mon boss m’a littéralement fait sauter dans le grand bain, côtoyer des professionnels et des PME locales comme si j’étais déjà expérimentée … et j’ai dû à chaque pas me montrer à la hauteur, et faire comme si j’étais excellente… donc le devenir 😀.
Pourquoi cette anecdote ? D’abord pour faire un gros clin d’œil aux jeunes qui rentrent dans la vie pro : votre première mission ne présume pas de votre vie professionnelle, et même si elle vous semble indigne, souriez et avancez, tirez-en le meilleur, c’est mon conseil.
Ces dix premières années m’ont façonnée, m’ont permis de faire le tri entre l’expert-comptable que je voulais être, et celle que je ne voudrais jamais être … quitte à quitter cette profession pendant 5 ans, avant de la rejoindre pour très longtemps.
Je fais, grâce à mes clients, grâce à mes collaboratrices, grâce à mes partenaires, comme je l’écrivais en 2015, ce qui représente pour moi le plus beau métier du monde.
Merci à celles et ceux qui me le permettent depuis 40 ans en m’accordant leur confiance.
4 commentaires
Tu es un mythe! Ton histoire est trop belle et tu mérite tout ton succès
Tu es la meilleure et je suis fière de ton amitié!
Je t’aime infiniment
Elisabetta
Oh merci Eli
Et oui les débuts dans une carrière sont souvent déroutants! Je m’en rappelle encore aussi, jetée dans le grand bain, sans vraiment savoir par où commencer et comment?! Qu’est ce qu’on attendait de moi et surtout qui allait me « tutorer »?! Alors, oui, il faut s’accrocher, être curieux, ne pas se décourager et prendre les mains de ceux qui vous les tendent pour vous donner quelques bribes « vite fait souvent » de leurs expériences et se faire la sienne…pour devenir un jour celle qui donnera au mieux à ceux qui débarquent. Un réel sens à leur futur emploi et quotidien , sens qui est pour moi de m’impliquer dans le projet des gens pour les aider au mieux à le réussir et de ne pas traiter un « dossier » vide de sens et d’humain. Un sens de l’équipe, de la joie de venir travailler avec ses collègues sans dire … »ça va comme un lundi :-(…ou comme un vendredi 🙂 »
Merci Emmanuelle de ce partage 🙂